« Personne ne devrait cramer sa ruche »
Apiculture
La protection des abeilles est essentielle pour assurer la survie des cultures et la diversité des écosystèmes. Cela contribue ainsi à la sécurité alimentaire et au bien-être de l'homme. Le FIDA (Fonds International de Développement Agricole) au Burundi, dans le but d’investir dans les populations rurales, appuie les associations d’apiculteurs dans les provinces Gitega et Kayanza par la formation sur les bonnes pratiques de l’apiculture, le renforcement des capacités managériales et l’octroi des kits apicoles dont les ruches modernes, les combinaisons de protection contre les piqûres d’abeilles, l’implémentation d’une miellerie, etc.
Témoignages
HAVYARIMANA Antoine habite la colline Randa de la commune Kabarore en province Kayanza. Il exerce le métier d’apiculture depuis les années 1991. Il révèle que les interdits édictés par la tradition burundaise font toujours échos, mais ne sont pas aussi lourds que ceux d’antan. Par exemple, par souci de se protéger contre d’éventuels piqûres graves des abeilles, l’apiculteur devrait se réveiller avant l’aube pour aller dans ses ruches. Il y allait dévêtu, assez souvent. Ceux qui le croisaient le considéraient comme un féticheur et se méfiaient du métier d’apiculture le considérant d’occultisme.
Grâce au FIDA, les apiculteurs ont bénéficié des formations sur la pratique et des kits de protection, ce qui contribue à la valorisation de ce métier.
HATUNGIMANA Stéphanie, apicultrice habitant la colline Buhanda, en commune Bukirasazi de la province de Gitega, se réjouit des appuis du FIDA d’autant plus que le métier d’apiculture était réservé aux hommes. « Les interdits qui refusaient à la femme d’exercer le métier d’apiculture ne sont plus un frein. Tout comme mes congénères hommes, j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille grâce aux revenus que je tire de la pratique d’apiculture. » dit-elle.
« Le contrôle de qualité du miel est le point de départ dans la pratique de l’apiculture. Depuis l’installation des ruches jusqu’à l’obtention du miel en passant par le suivi assez régulier du comportement des abeilles dans les ruches, le métier d’apiculture est exigeant en matière de discipline. S’il est bien conduit, l’apiculture influe directement sur la préservation de l’environnement et la biodiversité. L’apiculture est rentable, fructueux. » dira NYAMWANA Elie, conseiller et apiculteur chez Honey Trade Global Company, une société coopérative basée dans la province de Kayanza et regroupant les apiculteurs appuyés par le FIDA.
HAVYARIMANA Antoine fait savoir que les zones, jadis peuplées par les abeilles, sont actuellement habitées par les hommes d’où il fait appel aux décideurs et à l’administration locale de renforcer les sensibilisations pour la protection des abeilles.
Le miel lui tient tellement à cœur que quand il voit un apiculteur se désister et cramer sa ruche, il se met dans tous ses états. « Ntawuta umwuga, ntawucana umugogo » traduit par « personne ne devrait cramer sa ruche » est l’assertion qui motive ses journées depuis 1991. Il considère que même si une ruche serait dénichée par le vent, un apiculteur, un vrai, n’oserait jamais penser à le détruire, il le replacerait dans sa niche et continuerait à y attirer des colonies d’abeilles.
Le 20 Mai a été désigné par les Nations unies comme journée mondiale des abeilles puisque nous dépendons tous des pollinisateurs et il est donc crucial de surveiller leur déclin et de freiner la perte de la biodiversité et la dégradation des écosystèmes. Pour l’édition 2023, la journée a été célébrée sous le thème : « Volons au secours des abeilles pour une production agricole respectueuse des pollinisateurs. »