FIDA : Quand la caution solidaire solidifie les ménages ruraux
Un groupe de caution solidaire (GCS) est composé de dix individus, qui, au préalable, se connaissent et habitent la même localité. Ces individus sont formés sur les principes de base de l’éducation financière, accompagnés, suivis et financés par les Institutions de Micro-Finances (IMF) selon les activités génératrices de revenus qu’ils exercent.
Le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) à travers le Projet d’Appui à l’Inclusion Financière Agricole et Rurale du Burundi (PAIFAR-B) qu’il finance, compte les GCS parmi les cibles à atteindre pour renforcer l’inclusion et l’éducation financière des petits producteurs ruraux dans la dynamique de ne laisser personne derrière.
A la rencontre de Madame Niyonkuru Léa, elle fait partie d’un GCS. Elle habite sur la colline Mugitega dans la commune Bugendana en province de Gitega. Léa a 30 ans, elle est mariée et mère de 5 enfants. Elle se raconte.
« J’ai fait connaissance, pour la première fois, en 2013, d’un groupe de caution solidaire de près de chez moi. Il s’appelait Twitezimbere 6è. Pour des raisons que je ne me rappelle plus, le groupe s’est disloqué avant que nous, ses membres, soyons connectés à une IMF. Nous étions limités à de petits crédits d’un montant de 10.000, 30.000 FBu. Jamais on ne dépassait les 50.000 FBu.
Ce n’est qu’en 2019 que les accompagnateurs du PAIFAR-B ont ravivé l’esprit du GCS par des sensibilisations surtout sur les potentialités d’exercer des activités génératrices de revenus, les préalables pour ouvrir un compte à l’IMF et la possible liaison à une IMF et nous avons repris.
Le premier crédit que j’ai eu s’élève à 100.000 FBu remboursable dans les 6 mois. Je me suis tournée, avec mon mari, vers les activités agropastorales: la culture du haricot, du maïs, de la banane, etc. Pour la fertilisation, j’utilisais le compost. Après la récolte, j’écoulais une partie au marché (de fortune) de Mugitega.
Au bout de 2 ans, je suis passée d’un crédit de 100.000 FBu, que j’ai remboursé en 5 mois, pour arriver à celui de 700.000 FBu en passant par 200.000 FBu, 300.000 FBu, 400.000 Fbu, 500.000 FBu et 600.000 FBu, tous remboursés à temps. Après un certain temps, la Coopérative d’Epargne et de Crédit (COOPEC), l’Institution de Micro-Finance qui nous accorde des crédits, nous a dit qu’après 7 cycles de financement, nous pouvions contracter des crédits individuels. Je n’ai pas hésité à demander un crédit de 3.000.000 de Fbu le 02 Août 2022. Comme mes activités grandissent au jour le jour, j’ai facilement remboursé ce crédit avant même l’échéance.
Aujourd’hui j’ai un crédit de 6.000.000 de FBu que j’ai contracté en Février 2023. J’en ai déjà remboursé la première tranche. Celui-là est remboursable normalement en 4 ans, mais, en 2 ans j’aurais déjà fini le remboursement. Puisque, à côté des activités agropastorales que j’exerce, j’ai deux motos qui font le transport des biens et des personnes. Les deux motos me ramènent 120.000 FBu à la fin de chaque semaine. Lorsque la saison culturale débute, j’ai 10 employés saisonniers que je paye pour le sarclage et le semi dans mes champs.
Pour la petite histoire (mais pas la moindre), j’ai reçu un appel de la part de la COOPEC m’invitant à la célébration du mois de la femme à Bujumbura, la capitale économique. Nous étions 5 femmes à être conviées à cette célébration. Je me suis fait des amies, dont Judith de la province de Ruyigi. C’est avec elle que nous avons fait le voyage jusqu’à Bujumbura. Nous sommes toujours en contact.
Lors des cérémonies, j’ai reçu un prix d’une enveloppe de 150.000 FBu et un t-shirt à l’effigie de la COOPEC. J’étais ravie. Vers 16h, j’ai pris le chemin de retour pour arriver chez moi à 22h. Depuis ce jour-là, une vingtaine de mes congénères a adhéré aux groupes de cautions solidaires. Cela m’a permis de gagner en termes d’estime de soi. J’ai eu comme l’impression d’avoir été la preuve que si, une fois les ménages ruraux sont appuyés en matière d’éducation financière, les conditions de vies ne font que s’améliorer.
Celui qui nous a accompagné durant ce parcours revient souvent vers moi pour me rappeler qu’il n’a plus grand-chose à m’apprendre en rapport avec l’inclusion financière. Ce qui me laisse un peu dubitative puisqu’il n’y a pas longtemps, moi et mon mari ne touchions une somme de 50.000 FBu, qu’après avoir travaillés des jours entiers dans les champs de nos voisins.
Aujourd’hui nous avons un business qui vaut plus de 7 millions de FBu. Nous sommes respectés dans notre entourage depuis le jour où nous avons acquis une portion de terre à 600.000 FBu qui, aujourd’hui, vaut au-delà de 5.000.000 de FBu, du fait des activités agropastorales qui s’y font. » Nos enfants vont à l’école dans de bonnes conditions, nous avons une carte d’assurance maladie, notre maison est bien rénovée » conclut-elle.